LA LIAISON PAULERIE
PRESENTATION HISTORIQUE
Le premier spéléologue à donner une description de la grotte de la Paulerie a été Félix Mazauric (3).
En fait la grotte était de toute évidence trés anciennement connue. Mazauric (3) et de Joly (10) signalent des poteries préhistoriques dans les 100 premiers mètres. A 690m on trouve une signature datée de 1822. D'autres graffitis portent 1843, 1874 et 1884.
Mazauric, le premier, en réalise une exploration méthodique. Il décrit ce parcours assez long et souvent reptatoire comme fort difficile. Il en donne le plan ci dessous (cliquer pour agrandir) .
L'intérêt anecdotique de cette topo réside dans une grosse erreur d'orientation qui fait supposer à Mazauric un trajet doublant souterrainement le lit du Vidourle. L'origine de la grotte, pour ce chercheur, serait au niveau de la boucle du Vidourle où jaillit l'évent N°1 de la Roquette. "C'est ainsi, écrit Mazauric, que (...) le point terminus de notre exploration souterraine correspondait exactement avec d'étroites fissures extérieures où nous avions déjà vu le Vidourle disparaitre après une petite crue."
Le 24/7/38 R. de Joly revisite cette cavité. Pour lui, ce n'est pas une dérivation du Vidourle car les traces de crue ne montrent qu'un ennoiement partiel.
Le groupe Cévenol (qui donnera naissance au SCAL) avec J du Cailar et J Couderc refait le plan et montre bien que le réseau s'enfonce en fait dans le massif perpendiculairement au Vidourle. La grotte de la Paulerie se terminait à 740m par une chatière soufflante que l'équipe cigaloise franchit le 24-2-1945 (7), débouchant dans une galerie active que l'on suit vers l'amont jusqu'à un siphon et vers l'aval jusqu'à un passage impénétrable. Voici le plan qu'en donnent du Cailar et Couderc (cliquer pour agrandir).
En 1967 le SCAL désobstrue et explore la résurgence qui s'ouvre au niveau du Vidourle dans une petite reculée effluente. C'était un boulidou, qui d'ailleurs se referme périodiquement, faisant la joie des néophytes non documentés et enthousiastes qui croient à chaque fois refaire une première.
Il y a assez peu de détails sur cette assez belle découverte. Dans le bulletin du SCAL 1967-68 p 39 on peut lire:
"RESURGENCE DE LA PAULERIE : 10 Septembre.
Après désobstruction du cône d'entrée, 600 m de première environ. Arrêt sur un siphon.
REQUIRAND."
Dans le bulletin de la Fédération Spéléologique de l'Hérault N°3, 1973 p 59 on peut lire sous la plume de Paul Dubois qui récapitule les explorations 1967-73 du SCAL:
"Résurgence de la Paulerie (Conqueyrac) (Vidourle Souterrain) :
725.40 - 185.60 - 140m.
La désobstruction (1967) de l'éboulis d'entrée, a donné accès à une large galerie de 600 m de long, terminée par un siphon. C'est un nouveau regard sur le système du Vidourle Souterrain.
Il n'y a donc pas eu un grand battage publicitaire autour de cette résurgence malgré son importance dans le puzzle du Vidourle souterrain, et ses dimensions tout à fait honorables.
Mars 1971. Le dimanche 7, une sortie grand style du GERSAM, sous la houlette de René Roux. Après une matinée de folle prospection sur les versants du ravin des Arcs, puis un dynamitage à la grotte du Coutach, nous nous enfonçons dans la grotte supérieure de la Paulerie. La célèbre grotte de Mazauric, de de Joly, des cigalois du Cailar et Couderc... où Bernado et Capus ont repéré un intéressant trou souffleur, à l'extrêmité de la galerie aval décrite par les cigalois. Les pierres y ricochent et leur chute s'achève par un "plouf" sonore... Premier tir. Nous sortons tard de cette belle grotte. Nuit glacée. Les étoiles scintillent. René, sur la base des documents en sa disposition, conjecture. Ce trou souffleur est éloigné en principe de toute cavité connue... Il doit y avoir de fabuleuses choses derrière. Le Vidourle Souterrain... Nouveaux travaux acharnés les dimanches suivants: le 14, le 21 et le 28. A chaque fois, un trou est foré au burin et une charge de gomme A est mise en place. Le 28, le passage est pénétrable. Se glisser le long d'une coulée, aboutir dans un lac d'eau limpide où l'on a de l'eau jusqu'à la taille. C'est vaste, concrétionné... Hélas, l'enthousiasme sera bref. Il y a des traces. C'est la résurgence du SCAL. Les documents qu'avait utilisé René étaient faux...
Reste une belle traversée de plus de 1500m de développement. Capus et Buard la topographieront les mois suivants... Où est passée cette topo? René la cherchait désespérément...
En 1985 nous avons donc entrepris de la refaire. Le 24 Août nous levons 1264,85m de galeries. Le 1e Septembre nous arrivons à 2027,45. Le 21 Septembre nous plongeons (Guilhem Maistre) le siphon terminal (simple puis vertical ennoyé de 11m bouché par une trémie) et levons quelques étroits passages portant à 2096,45 le développement topographié.
Ainsi, après les travaux successif de Mazauric, de Joly, Du Cailar et Couderc, Réquirand, et finalement de notre équipe du GERSAM, la liaison Paulerie devient un des importants réseaux plurikilométriques de la région karstique Nord-Montpelliéraine.
A l'issue de la méticuleuse révision que nous avons faite de tout ce réseau en 1985, il nous semble assez peu probable que d'importantes continuations puissent encore être découvertes dans cette caverne. Les courants d'air se bouclent tous sur d'autres entrées étagées à divers niveaux et parfaitement identifiées. Le siphon est totalement obturé par une énorme trémie.
Reste la traversée à trois entrées ainsi mise en évidence. C'est un parcours un peu austère par endroits, mais qui ne manque pas de charmes. Le souvenir épique des illustres précurseurs, quelques belles galeries en conduite forcée, le long parcours jalonné par un sympathique courant d'air, les nombreuses vasques d'eau limpide... tout celà fait indubitablement de la Paulerie une des belles cavités de la région.
Suivez le guide: la cyber-chauve souris qui vous guidera dans les interminables boyaux terreux ou aquatiques de la légendaire Liaison Paulerie.
NOTE: On lit à la page: Commission souterraine L.R.M.P - Bilan 2001 des informations récentes sur ce réseau: Vidourle souterrain (30) : plongées d’exploration et de topographie dans la Fontaine de sauve exploration de 50m supplémentaires (702m ;-46), démarches auprès des administrations et propriétaires afin de reprendre les explorations dans d’autres cavités du système. Plongée et exploration dans les siphons terminaux (1000m de l’entrée) de l’Event des Cambous. Exploration de 440m supplémentaires.