PRESENTATION

GEOGRAPHIQUE

Le Causse de Viols le Fort - Cazevieille, que Gennevaux appelait Région du Pic Saint Loup a été défini par les travaux de Bernard Gèze et de Robert de Joly, mais sa délimitation est parfois incertaine. Celle que nous proposons dans cette étude dérive des observations de B. Gèze et repose sur des considérations géologiques.

Nous incluons donc dans ce causse toutes les formations calcaires jurassiques situées au S de la faille du Pic Saint Loup, Cette délimitation est évidente au N, à l'E et au S, où ces calcaires cèdent la place aux formations sédimentaires plus récentes de l'Eocène, généralement non karstiques. Au NW elle est un peu théorique, la faille adoptant une disposition complexe et étant souvent peu apparente sur le terrain. Elle permet de séparer le causse, un peu artificiellement il est vrai, de la région de la Sellette, important massif dont notre ami J.L. Galéra a réalisé l'inventaire.

Nous incluons donc dans le Causse de Viols le Plateau de Boscorre (à Puéchabon) qui a parfois été rattaché au massif de la Sellette. Par contre nous en excluons les massifs éocènes karstifiés de la région d'Argelliers et de La Boissière, vaste avant-causse mal connu sur le plan spéléologique et qui s'étend au S jusqu'à Saint Paul et Valmalle. De la sorte, les grottes de la Combe de la Treille, l'aven du Roquet, ou l'exsurgence du Barras ne figurent pas dans notre inventaire.

Géologiquement, le causse de Viols ainsi défini comprend deux parties : une zone plissée au Nord, correspondant à l'anticlinal du Saint Loup ; une zone tabulaire au Sud, fragmentée à la faveur de failles NNE-SSW en trois plateaux lapiazés, essentiellement portlandiens, séparés par des fossés où le Jurassique disparaît sous l'Eocène (disposition en « touches de piano ») (25). L'intérêt spéléologique de ces régions n'est pas le même. La zone plisée comprend une majorité des cavités du causse, et les plus importantes. La zone tabulaire est spéléologiquement pauvre.

La superficie de cet ensemble est de 83,5 km2, à peu près également répartis entre la zone plissée et la zone tabulaire. Notons qu'à eux seuls, les calcaires du Kimméridgien et du Portlandien occupent 66 km2, soit 79,7 % de la superficie. L'Oxfordien, avec 8,8 km2, correspond à 10,6 %. La dolomie du Bathonien, avec 6,4 km2, correspond à 7,6 %. Le Callovien, avec 1,8 km2 représente 2,1 % de la superficie.

L'Hydrogéologie du massif a été très étudiée et peut se schématiser de la façon suivante :

1) Un karst noyé jurassique, barré de failles SSW-NNE. L'anticlinal du Saint Loup crée une ligne de partage souterrain des eaux : au NW l'aven Vidal et les cavités voisines alimentent la grotte-exsurgence des Fontanilles, dans la vallée de l'Hérault ; au SE, les eaux de la plaine de Seuilles se drainent vers le Lez et son trop plein Le Lirou. Les eaux de la zone tabulaire méridionale restent souterraines, mais avec parfois des étages semi-actifs alimentant des boulidous, comme à la Liquière.

2) Recouvrant le précédent, une série de petits bassins cloisonnés où subsistent des marnes crétacées, formant de petites oasis non karstiques comme à Prax ou au Mas Neuf. A Cantagrils, on trouve même au dessus un petit plateau calcaire suspendu, karstifié, formant le massif éocène de la Matte. Ce petit chateau d'eau de 3 600 m2 est suffisant pour alimenter une source pérenne et une exsurgence temporaire pénétrable. Ces formations sont responsables du nom du mas de Saugras (Sòu gras, sol gras).

Ce schéma se complique Logement en raison de la tectonique : le drainage de la Fausse Monnaie se fait vers le Lez, et on trouve à Peyrebrune une curieux niveau suspendu de galeries creusées dans la dolomie bathonienne au dessus du Lias marneux.

En dehors de l'anticlinal du Saint Loup, un autre accident joue un rôle crucial sur le plan hydrogéologique : c'est la faille des Matelles, au contact de laquelle jaillissent plusieurs sources de débordement du Karst noyé : Lirou, Yorgues, Boulidous du Boulidou, etc...

La pollution des eaux souterraines du Causse de Viols, si elle n'atteint pas l'ampleur de celle de massifs voisins comme le Causse de la Selle où abondent les avens dépotoirs, n'est pas négligeable. Les avens voisins du Relais des Chênes, l'aven des Trois Chênes, Baume Saigner, en sont quelques exemples. Cette pollution contamine directement le Lez souterrain et les eaux d'alimentation de la ville de Montpellier. Attirons l'attention des spéléologues sur une pollution grave dont ils peuvent inconsciemment être les auteurs, avec les piles alcalines du commerce, riches en métaux très toxiques (mercure). Il faut à tout prix éviter de les abandonner sous terre.

Le karst du Causse de Viols présente enfin un danger particulier, qu'il partage avec ses voisins le causse d'Aumelas et la Gardiole : c'est le CO2, souvent abondant dans les cavités du système du Lirou (Boulidou de Coucolières, Aven des Colombiers, Aven de la Baraque, complexe Boulidou-Lirou). On le signale également à l'aven des Gardies. A l'aven du Roquet, situé dans une enclave éocène voisine du causse, à 300 m de la faille des Matelles, A. Bancal signale aussi des taux dangereux de CO2 qui rendirent le 16 Septembre 1951 l'exploration impossible alors que le 6 Janvier 1952 il n'y avait plus trace de gaz, et l'aven était alors visitable jusqu'au fond (-30). Au boulidou de Coucolières ce même auteur en observe des teneurs à peine respirables dans un courant d'air de 500 litres/seconde, le 3 août 1952.

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