4. Les avens.

Les avens seront probablement les formes karstiques les plus intéressantes à étudier statistiquement sur la Séranne. Nous en avons inclus 231 dans notre analyse mais cette série n'est pas encore complète. Une typologie de ce type de cavités pourra peut- être permettre de confirmer ou de nuancer les conceptions actuelles qui attribuent les avens à deux phases successives et inachevées datées des périodes froides du Quaternaire ancien. C'est un projet qui nous occupe actuellement mais qui pose un certain nombre de problèmes méthodologiques. Les résultats son trop préliminaires pour en faire état ici. Nous nous contenterons de quelques observations générales qui se dégagent dès à présent. Comme les galeries, les avens de distribuent en fonction de l'altitude d'une manière tout-à-fait discontinue, dessinant une série de pics de fréquence. Ceci suggère que l'altitude de leur orifice n'a rien d'aléatoire mais obéit à un certain déterminisme. On remarquera surtout quatre ensembles (fig. 5):

a) les avens s'ouvrant entre 325 et 375. Surtout présents dans le secteur de Brissac, mais aussi dans le secteur de la Buèges et du Garrel. Visiblement dans les deux cas, ce niveau d'avens surmonte un niveau de galeries entre 200 et 300m et doit être en partie déterminé par l'appel érosif de ces galeries sous- jacentes, selon la loi de Paramelle que les statistiques en spéléologie semblent corroborer largement. L'intérêt de ces avens bas situés est évident puisque les célèbres avens de Rabanel et de la Dame appartiennent à ce niveau. b) un niveau à 420-525 qui a donné en particulier l'aven du Grelot; c) un niveau 550-700 qui regroupe le plus grand nombre d'avens: parmi eux une cavité très importante, la Leicasse, ainsi que son voisin remarquable Puech Haou. Mais aussi une centaine de cavités beaucoup plus modestes. d) Au dessus de 700 des cavités moins nombreuses, mais souvent profondes. Certaines, comme à la Coupette ou au Fariol, réutilisent de grands vides très anciens. D'autres, comme le Baudille ou l'aven N°2 du Roc Blanc, sont des cavités purement verticales dont le creusement assez vigoureux a été favorisé à coup sûr par la tectonique et l'altitude élevée. Il nous paraît hors de doute que ces quatre niveaux d'avens sont largement dépendants (notamment les trois premiers) de la présence de galeries sous-jacentes qui ont constitué un "appel érosif". L'élévation au dessus des niveaux de base joue aussi un rôle indiscutable, puisque jusqu'à 650m le nombre d'avens croît linéairement en fonction de l'altitude selon une droite que l'on peut calculer par régression linéaire: r=0.852 p < 0,01; nombre d'avens=-4,81 + 3,56.10-2 x (altitude en mètres). Malgré une certaine tendance qui se dessine en faveur d'un intérêt particulier des niveaux a) et d), les statistiques ne nous permettent pas de prédire une plus grande chance de profondeur dans ce cas. Les niveaux b et c sont riches en "petits trous" mais ont aussi donné les plus grandes cavités du secteur...