Jonquet dau Plan de l'Olivièr

cançonejaire (1778-1865)


 


Pèire Azemà citava dins son tèxt de conferéncia radiofonica sus la Musa Montpelhieirenca  dau temps de FX Fabre un misteriós "Jonquet, dau Plan de l'Olivièr". Aquí tot çò que se'n sabiá:


"A-m-aquela mièja-dotzena d'autors, n'avèm ajustat un parelh de mai francament populars, que, amai son òbra siágue pro clarsemenada, s'ameritan de pas èstre dessoblidats : es Bertrand, per escais-nom “Musica”, de Botonet, autor mai que mai de cançons de carnaval, e Jonquet, dau Plan de l'Olivièr."

... fins que nòstre meravelhós bibliotecari Gui Barral faguèsse una descobèrta que presenta sus son blòg
https://bibliophilelanguedocien.blogspot.com/




PLAN DE L'OLIVIER : LE QUARTIER DES BONS ENFANTS et BONS VIVANTS


 

   Voici, trouvées par hasard dans un recueil de chansons de colportage (elles en portent le tampon) datant de Napoléon III, quelques pages insolites. Il s'agit de 10 chansons montpelliéraines on ne peut plus populaires. Ecrites en occitan par et pour les habitants du quartier, elles sont toutes consacrées à la gloire du PLAN DE L'OLIVIER, ce quartier très populaire situé entre l'Université et l'Aiguillerie.

Un auteur est nommé : JONQUET, ancien campagnard, âgé de 87 ans (en 1864). Est-il l'auteur de ces 10 chansons, ou de quelques unes?  Il est possible que les deux plus grands érudits sur la littérature occitane à Montpellier [et ailleurs], Philippe GARDY et Jean-Frédéric BRUN les connaissent, toutes ou certaines. Comme ce n'est pas mon cas, je vais les "publier".  Elles forment deux petits cahiers in-12°  imprimés par MALARET, typographe et lithographe, 9 place Louis XVI [Marché aux fleurs] à Montpellier. Thomas Alphonse Malaret ne fut imprimeur que de 1861 à 1869 et n'a pas laissé beaucoup de traces. Rendons lui au moins ces modestes feuillets, destinés à être colportés à tous vents et que le vent a emportés.  Je ne ferai pas de commentaires sur la langue et la graphie. N'importe quel universitaire doit tomber en syncope, ou pire,  à leur lecture. La langue est dégradée, à peine requinquée à tout bout de vers par des gallicismes éhontés. La syntaxe est totalement erratique, et l'orthographe n'a aucune cohérence, le même mot pouvant être écrit de plusieurs façons (et jamais la "bonne") dans le même texte.  Mais c'est le reflet de la langue parlée dans ces vieux quartiers montpelliérains : un fossé est déjà creusé entre le peuple et, disons, la Revue des Langues romanes qui paraît en même temps que ces textes. Ces deux mondes ne se connaissent plus, ne se fréquentent plus, et ce n'est pas Mistral qui y changera quelque chose. C'est d'ailleurs ce que dit une chanson, en parlant de l'autre patois : L'aoutré és un patouès sérious / Aco fay pas l'affayré.



 

Je voudrais juste faire quelques remarques sur ces chansons.

 

1 -  Il n'y est jamais question ni de politique ni de religion. Nous savons par ailleurs que ces quartiers sont catholiques et royalistes : il n'en apparait rien dans ces couplets.

 

2 - Il serait vain d'y chercher une quelconque poésie. Mais si la poésie (la notre) est absente du texte, elle est présente, O! combien, dans l'acte de les écrire. Que le vieux Jonquet, ancien campagnard, se mette à écrire à 87 ans, c'est plus fort en poésie que la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie, comme dirait l'exact contemporain, Lautréamont.

 

3 - Une rengaine traverse tous les textes : nous sommes le quartier des BONS ENFANTS, ou des BONS VIVANTS.  C'est l'image que ce vrai populo se fait de lui-même.

 

4 - J'ai fait une traduction le plus mot à mot possible. D'une part, ce n'était pas le lieu de faire de la littérature, d'autre part j'étais parfois incapable d'enlever le flou et la confusion, ou de préciser un sens que je ne comprenais pas : une traduction littérale m'évite de faire semblant d'avoir compris."





Trobaretz tot aquò sus lo sit de Gui.


N'ai fach un pdf que poiretz telecargar.



Lo professor Olivièr Jonquet qu'a succedit a Max Roqueta a l'Acadèmia de Sciéncias e Letras de Montpelhièr  cercava dempuòi un brieu d'informacions sus aquel personatge qu'èra sai que benlèu un avi sieu. Son fraire Guilhèm Jonquet trabalha a la genealogia de la familha Jonquet e pensa "qu'il doit s'agir de Jean Jonquet, cultivateur, décédé à Montpellier, maison Micaud, rue Sainte Ursule, le 9 février 1865, à l'âge de 87 ans,  veuf en premières noces de marie Leboux, et époux en secondes noces de Rose Cardaire, fils de Guillaume Jonquet et de Marguerite Carles, tous deux décédés à Montpellier." Ajusta que "Jules Troubat, le secrétaire de Sainte Beuve, parle d'un Jonquet, ferblantier, toujours sans prénom, qui lui enseignait Proudhon, je pense que c'est son frère..."

Lo tèxt dins un occitan ja fòrça francizat presenta sai que un interés etnografic. Descriu la vida d'un quartièr popular de Montpelhièr a l'acomençança dau sègle XIX.

Lou plan dé l'ouliviè

Es un bon quartier,

Ounté tout prouspéda

Aven beou régarda ;

N'appercéven pas

Michanta manièra

Toutés soun bon amis,

Car entré vésis

Chacun béi soun fréra ;

Din nostré beou séjour

Nous renden toutes à la cour.



Campagnards artisans,

Toutés partisans,

Dé carnavalada ;

A qui nous amusan

Touchour en cantan,

Passan la veyada ;

Et dé sé qué disen

Toutes né risen,

Acos chaqua annada ;

Quand nous sen divertis,

Nous quittan toutès bons amis



Nostré Rey ès charmant

Embè soun air grand,

Amay respectable ;

Ordonna en riguèn,

Es bon, és pruden

Touchour és aymablé,

E chaqua courtisan

A un air galant,

Touchour agréablé

Nostrès grands oufficiès,

Touchour fan observa la pais.




Nostrés bons habitans

Lou beïda à la man,

Aymou la bouteilla

Sé donou un paouquet

Lou cop dé toupet.

Daou chus dé la treia

Car l'aymou pas ben ion

Surtout quand és bon ;

Per caouffa l'aoudeia,

Alors viva Bacchus

Qué fournis d'aquel tant bon jus.



 

 Faou beydé en cantan,

Dé métrè en avan

Nostras cousinièidas.

An souen dé soun local

Aymou lou trabal,

Et soun oustaieidas ;

A ellas nous fisan,

Perqué rémarquan

Qué soun las premieidas

A voudré partacha,

Lou faï qué faou toutés pourta.





    Enfin s'anan pus ion,

Pouden didé quiqu'on

Dé soun endustria ;

Trafiquéchou sus tout,

Et touchours aou bout

A l'économie ;

Car dins touta oucasioun,

Bon sen et résoun,

Aco touchour bria.

Vendré ou acheta

Pertout sé savou arrencha.



Sen en trin à canta

Caou pas oublida,

Nostras campagnardas ;

Las bésou pas aou bal,

Sibé aou traval

Qué las ten gaillardas,

L'estiou amay l'hiver

Touchour aou grand air ;

Ban usa sas fardas,

Endudou las sésous

D'aou grand frech et grandes calous.



L'hiver à gavella

Ou à ramassa,

Dé bonnas herbétas ;

L'éstiou à rastella,

Ou ana cerqua

Dé cagaraoulettas.

Et lou mati crida,

Bénès m'achetta,

Semblou des mourguettas.

Aou bon, aou michant tens

Sé donnou fossa mouvément.


la pagina de Gui Barral "lo bibliofil lengadocian"

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auteur occitan de Montpellier)Revue des Langues Romanes - Tome XCI - 1987 - n°2

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