Pèire Azemà citava dins son tèxt de conferéncia radiofonica sus la Musa Montpelhieirenca dau temps de FX Fabre un misteriós "Jonquet, dau Plan de l'Olivièr". Aquí tot çò que se'n sabiá:
"A-m-aquela mièja-dotzena d'autors, n'avèm ajustat un parelh de mai
francament populars, que, amai son òbra siágue pro clarsemenada,
s'ameritan de pas èstre dessoblidats : es Bertrand, per escais-nom
“Musica”, de Botonet, autor mai que mai de cançons de carnaval, e
Jonquet, dau Plan de l'Olivièr."
... fins que nòstre meravelhós bibliotecari Gui Barral faguèsse una descobèrta que presenta sus son blòg
https://bibliophilelanguedocien.blogspot.com/
PLAN DE L'OLIVIER : LE
QUARTIER DES BONS ENFANTS et BONS VIVANTS
Voici,
trouvées par hasard dans un recueil de chansons de colportage (elles en portent
le tampon) datant de Napoléon III, quelques pages insolites. Il s'agit de 10
chansons montpelliéraines on ne peut plus populaires. Ecrites en occitan par et
pour les habitants du quartier, elles sont toutes consacrées à la gloire du
PLAN DE L'OLIVIER, ce quartier très populaire situé entre l'Université et
l'Aiguillerie. Un auteur est nommé : JONQUET, ancien campagnard,
âgé de 87 ans (en 1864). Est-il l'auteur de ces 10 chansons, ou de quelques
unes? Il est possible que les deux plus
grands érudits sur la littérature occitane à Montpellier [et ailleurs],
Philippe GARDY et Jean-Frédéric BRUN les connaissent, toutes ou certaines.
Comme ce n'est pas mon cas, je vais les "publier". Elles forment deux petits cahiers in-12° imprimés par MALARET, typographe et
lithographe, 9 place Louis XVI [Marché aux fleurs] à Montpellier. Thomas
Alphonse Malaret ne fut imprimeur que de 1861 à 1869 et n'a pas laissé beaucoup
de traces. Rendons lui au moins ces modestes feuillets, destinés à être
colportés à tous vents et que le vent a emportés. Je ne ferai pas de commentaires sur la langue
et la graphie. N'importe quel universitaire doit tomber en syncope, ou
pire, à leur lecture. La langue est dégradée,
à peine requinquée à tout bout de vers par des gallicismes éhontés. La syntaxe
est totalement erratique, et l'orthographe n'a aucune cohérence, le même mot
pouvant être écrit de plusieurs façons (et jamais la "bonne") dans le
même texte. Mais c'est le reflet de la
langue parlée dans ces vieux quartiers montpelliérains : un fossé est déjà
creusé entre le peuple et, disons, la Revue des Langues romanes qui paraît en
même temps que ces textes. Ces deux mondes ne se connaissent plus, ne se
fréquentent plus, et ce n'est pas Mistral qui y changera quelque chose. C'est
d'ailleurs ce que dit une chanson, en parlant de l'autre patois : L'aoutré és
un patouès sérious / Aco fay pas l'affayré. Je voudrais juste faire quelques remarques sur ces
chansons. 1 - Il n'y
est jamais question ni de politique ni de religion. Nous savons par ailleurs
que ces quartiers sont catholiques et royalistes : il n'en apparait rien dans
ces couplets. 2 - Il serait vain d'y chercher une quelconque
poésie. Mais si la poésie (la notre) est absente du texte, elle est présente,
O! combien, dans l'acte de les écrire. Que le vieux Jonquet, ancien campagnard,
se mette à écrire à 87 ans, c'est plus fort en poésie que la rencontre fortuite
sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie, comme
dirait l'exact contemporain, Lautréamont. 3 - Une rengaine traverse tous les textes : nous
sommes le quartier des BONS ENFANTS, ou des BONS VIVANTS. C'est l'image que ce vrai populo se fait de
lui-même. 4 - J'ai fait une traduction le plus mot à mot
possible. D'une part, ce n'était pas le lieu de faire de la littérature,
d'autre part j'étais parfois incapable d'enlever le flou et la confusion, ou de
préciser un sens que je ne comprenais pas : une traduction littérale m'évite de
faire semblant d'avoir compris." Trobaretz tot aquò sus lo sit de Gui. N'ai fach un pdf que poiretz telecargar.
Lou plan dé l'ouliviè
Es un bon
quartier,
Ounté tout
prouspéda
Aven beou régarda
;
N'appercéven pas
Michanta manièra
Toutés soun bon
amis,
Car entré vésis
Chacun béi soun
fréra ;
Din nostré beou
séjour
Nous renden toutes
à la cour.
Campagnards artisans,
Toutés partisans,
Dé carnavalada ;
A qui nous amusan
Touchour en
cantan,
Passan la veyada ;
Et dé sé qué disen
Toutes né risen,
Acos chaqua annada ;
Quand nous sen divertis,
Nous quittan toutès bons amis
Nostré Rey ès charmant
Embè soun air
grand,
Amay respectable ;
Ordonna en riguèn,
Es bon, és pruden
Touchour és
aymablé,
E chaqua courtisan
A un air galant,
Touchour agréablé
Nostrès grands
oufficiès,
Touchour fan observa la pais.
Nostrés bons habitans
Lou beïda à la
man,
Aymou la bouteilla
Sé donou un
paouquet
Lou cop dé toupet.
Daou chus dé la
treia
Car l'aymou pas
ben ion
Surtout quand és
bon ;
Per caouffa
l'aoudeia,
Alors viva Bacchus
Qué fournis d'aquel tant bon jus.
Dé métrè en avan
Nostras
cousinièidas.
An souen dé soun
local
Aymou lou trabal,
Et soun oustaieidas
;
A ellas nous
fisan,
Perqué rémarquan
Qué soun las
premieidas
A voudré partacha,
Lou faï qué faou toutés pourta.
Enfin s'anan pus ion,
Pouden didé
quiqu'on
Dé soun endustria
;
Trafiquéchou sus
tout,
Et touchours aou
bout
A l'économie ;
Car dins touta
oucasioun,
Bon sen et résoun,
Aco touchour bria.
Vendré ou acheta
Pertout sé savou arrencha.
Sen en trin à canta
Caou pas oublida,
Nostras
campagnardas ;
Las bésou pas aou
bal,
Sibé aou traval
Qué las ten
gaillardas,
L'estiou amay l'hiver
Touchour aou grand
air ;
Ban usa sas
fardas,
Endudou las sésous
D'aou grand frech et grandes calous.
L'hiver à gavella
Ou à ramassa,
Dé bonnas herbétas
;
L'éstiou à
rastella,
Ou ana cerqua
Dé cagaraoulettas.
Et lou mati crida,
Bénès m'achetta,
Semblou des
mourguettas.
Aou bon, aou
michant tens
Sé donnou fossa
mouvément.
la pagina de Gui Barral "lo bibliofil lengadocian"
auteur occitan de Montpellier)Revue des Langues Romanes - Tome XCI - 1987 - n°2