Aven-Event de Gourgas

Situation:

683,915-165,663-400m.

Sur un replat 15m en rive gauche et 15m au dessus du "rajal de l'Avenc" à 80m en amont de son intersection avec le sentier du cirque.

Description et historique

Les gens de l'endroit disaient simplement "l'avenc". Cette vaste crevasse de 15 x 2 orientée NS, béant en plein bois, s'ouvrait sur un puits losangique de 22m qui fut descendu en Juillet 1933 par de Joly. C'est Paul Rudel qui l'avait conduit, en compagnie de A. Fontanilles, à cette cavité. Au bas du puits, l'explorateur accède à "un couloir de 5m de large orienté WE pendant 25m. On tourne à angle droit vers le N autrement dit dans une galerie parallèle à la diaclase de l'aven, qui cesse brutalement au bout de 10m. Nous sommes dans une résurgence temporaire, car vers le N l'eau est profonde en on distingue un puits noyé. (...) Les parois de ces galeries sont recouvertes de limon, car lors des crues, l'eau sort en force par la bouche même de l'aven après les avoir remplies. un lit aérien, reconnaissable aux blocs moussus, part de la bouche de l'évent."

A l'évidence, ce bel aven et son siphon mystérieux sont un des sites prometteurs du cirque de Gourgas. Les célèbres pionniers lodévois H. Camplo et R. Nourrit surveillent le siphon, au cours des années 60. Ils le voient baisser de 1 à 3 cm... mais ne le trouvent jamais désamorcé. Le pompage par gravitation de la baume du Duc en 1958 (voir ci-dessous) permet une discrète progression mais pas l'accés au réseau.

En 1964, le siphon est franchi par un marseillais qui n'explore pas la vaste galerie entrevue au delà. C'est le 3-5-70 que Jean Gouzes (SCM) avec deux plongeurs marseillais du GEPS, reconnaissent 300m de vastes galeries. En 1974 lors du pompage du Banquier H Paloc nous aiguille vers cette cavité: dix séances de déblaiement permettront d'ouvrir l'entrée boulidou moins surélevée que le puits de 22m, par laquelle nous ferons passer les tuyaux. Le 26-9-75 une plongée de JM Colomina et Cl Touloumdjian permet de dresser le croquis du siphon et de parcourir 800m. Le réseau semble très vaste...

Un camp GERSAM est donc organisé à Gourgas du 29 Juillet au 10 Août 1976. C'est un pompage de grande envergure. Il faudra deux pompes placées en série, terriblement lourdes à charrier le long du thalweg chaotique, à la force des biceps...

Le vendredi 6 Août à 13 heures, la voûte est désamorcée. Il avait fallu vider environ 900 m3. René Roux était à l'affut, devant la nappe qui baissait doucement. Il attendait les vaguelettes, le fabuleux courant d'air jailli des entrailles du causse... Il y passa des heures, rêvant aux réseaux prodigieux qui nous attendaient là-derrière...

Mais, terrible déception, le courant d'air ne souffle pas. Il aspire. Il provient donc, non du plateau, mais d'une entrée inférieure...

Nous nous précipitons tout de même. Parcourant, subjugués, euphoriques, de somptueuses galeries, vastes comme des nefs de cathédrales. René, comme toujours, fouinait méticuleusement dans les recoins, un peu démoralisé par le sens de ce courant d'air, aspirant et non soufflant: logiquement, cela s'ignifiait que l'énorme réseau ne se prolongeait donc pas sous le causse, mais conduisait à une entrée inférieure. Avec Jeannot Dusfour, René finit, grâce à son sens de la caverne, à déceler une continuation, étroite, scabreuse, hérissée de lames d'érosion tranchantes: la Galerie des Motivés. Où seuls les plus fous de l'équipe osèrent se faufiler. Trois cent cinquante mètres de boyaux, l'horreur absolue. Ils en conservent un souvenir meurtri. René, prudent, esquiva cette exploration: il avait reconnu l'ambiance très spéciale d'une de ses grandes découvertes de la décennie précédente, Véronique... La Galerie des Motivés, c'est en fait, pour employer un langage rouxiste, l'égoût de l'égoût, le sous-écoulement drainant l'extrême aval du réseau vers une série de petites résurgences échelonnées dans le thalweg des Fontanilles...

 

 

Malgré tout, en 1982, nous repomperons ce siphon, grâce à une énorme pompe appartenant au BRGM et précédemment installée à la source du Lamalou. C'était une idée de H. Paloc. La pompe à demeure, le réseau accessible sur commande... Ce chantier pharaonique fut possible grâce à l'enthousiasme de Jean-claude Michavila, alors président du GERSAM.

Jean-Claude Michavila, lors du pompage Gourgas 1982.

Encore un souvenir d'ambiance fabuleuse... Mais la pompe, peu après, fut endommagée par la foudre. Et le réseau cyclopéen que nous revisitâmes à cette occasion avec tout autant d'émotion et d'émerveillement ne révéla pas de prolongements importants. Guilhem Maistre se glissa sans crainte dans l'effrayante trémie terminale dont la stabilité parait bien aléatoire, mais ne progressa pas à ce niveau.

Guilhem Maistre lors du pompage Gourgas 1982.

Une monographie détaillée de la cavité se trouve dans le bulletin GERSAM N°7 (cliquer ci-dessous).

Nos explorations à l'aven-évent ont donc révélé un vaste delta souterrain de 1535m de galeries, diffluant vers les cavités du Duc et du Thalweg des Fontanilles.

Le sous-écoulement de l'aven-évent: la Baume du Duc

Commune de Saint-Etienne de Gourgas (Hérault)
684,035-165,464-355m.
Porche bien visible de Gourgas à la base d'une petite falaise au dessus de l'Avocat, accessible par un petit sentier bâti avec escaliers qui part dans la végétation luxuriante au dessus de la source No1 de l'Avocat.
La bouche ogivale de la baume du Duc est assez spectaculaire. On la voit de loin au pied des falaises. Elle ne mesure pas moins de 7x10. C'est en fait un vaste vestibule 30x8x8 encombré de gros blocs effondrés. Au NNW, la continuation est en fait de beaucoup plus petit calibre. On accède au dépar d'un laminoir de 14m (2x1) siphonant à +1,5.
R De Joly l'explora au cours de sa visite aux principales cavités de Gourgas. Il se contente de la décrire sommairement : "Vers 340m d'altitude, dans une des hautes assises bathoniennes se trouve une grotte dont l'entrée est assez vaste mais dont la galerie montante ne permet pas d'aller bien loin. C'est une des anciennes issues de l'eau sur le Larzac. Une haute fente, voisine, correspond avec cette cavité, ce n'est qu'un décollement vertical d'un pan de falaise" [Spelunca N°IV, 1933, p 80]. Un pompage par H. Camplo (section lodévoise du SC Montpellier) du 13 au 20 Aout 1958, permet de vider partiellement le boyau siphonant. Après 27 m les explorateurs aboutissent à une salle 18x5x7 emplie de sable, sans issue, occupant la jonction entre la dolomie et un calcaire lité à petits bancs. Pour H. Camplo, c'est dans un gour siphonant précédant la salle que se situerait la continuation. La longueur totale est de 110m.

En fait, notre pompage à l'aven-évent permet de recouper l'amont de la baume (voir la topo). Il est peu attirant. C'est une très étroite diaclase semi-noyée à la limite de la pénétrabilité où le plus filiforme du club (c'était Michel Roux) réussit à se faufiler entre les lames rocheuses acérées sur quelques mètres...

Michel Roux au second pompage de Gourgas.

Cette caverne a été habitée à la préhistoire. Elle a livré des vestiges néolithiques de la civilisation gourgasienne à GB Arnal.

 

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