Apprendre le Languedocien oriental? 

Pourquoi donc? 

Un enrichissement personnel, pour se sentir "chez soi" à Montpellier, comprendre les noms de lieux et les anthroponymes, découvrir un riche passé et toute une culture? 

De nos jours, ces motivations "humanistes" ne sont vraiment pas très en vogue. La seule valeur est l'argent, et, s'agissant d'une langue marginalisée que le centralisme a rudement cherché à éradiquer, où est l'intérêt économique? 

Ayant personnellement reconquis cette facette de mon patrimoine, je n'ai jamais eu à m'en repentir et toujours eu à m'en louer. J'ai retrouvé ainsi une langue plus souple et plus riche que le français, élargissant l'espace de ma pensée et de mon imaginaire. Je me suis retrouvé entre deux belles langues voisines: l'Italien et le Catalan, très faciles à lire et à parler lorsqu'on connaît bien l'occitan. En pratiquant à fond une langue j'en ai ainsi gagné trois. Et quand vous pratiquez 4 langues, vous n'avez plus guère de mal à en étudier des tas d'autres...

Tout cela est très réel et très concret. 

En outre, le midi de la France est de plus en plus une zone de grands brassages culturels, et tout le monde (ou au moins bien des gens venus de plus au Nord ou de plus au Sud, forts de leur culture identitaire qu'ils ne veulent en général ni occitaniser, ni métisser), veut y habiter. C'est le moment, sans chauvinisme et en restant accueillants, de développer une identité forte pour que les nouveaux venus s'intègrent au lieu de nous intégrer... Identité forte? La langue en est forcément un des axes. Le français n'est absolument pas la langue de l'Occitanie, c'est la langue des conquérants, qui destructure l'identité des occitans et dénature leur pensée, leur imaginaire, etc... L'oublier, c'est enkyster une situation malsaine de type névrotique, que Robert Lafont a analysée sous le nom d'aliénation culturelle.  Retrouver sa langue, c'est retrouver la liberté de penser. 

Est-ce un gros travail d'apprendre l'occitan? 

Non... Rien de plus facile. 

Bien sûr, j'ai eu l'immense chance entre 15 et 25 ans de pouvoir fréquenter des occitanophones de naissance et de savourer leur parler "sauvage", immense espace de liberté et d'expressivité... Cette source-là est tarie. Après 700 ans d'efforts "ils" (suivez mon regard) ont enfin réussi à éradiquer, extirper, annihiler, cette merveilleuse pulsation de vie indomptée et indomptable. 

Mais la langue est vivante: des intellectuels l'écrivent, on l'enseigne, on l'étudie, il y a des radios en occitan (comme Ràdio Lenga d'Oc"). 

Et il existe une immense masse d'écrits plus ou moins accessibles qui nous la conservent, intacte.

L'usage ne s'est pas conservé, il s'est déplacé, mais l'occitan est une langue bien vivante. 

Une petite initiation et on peut facilement l'écouter, la lire et la parler... et rentrer dans cette vie. 

Comment l'apprendre?  

Il faut une petite initiation, quelques leçons structurées feront l'affaire (voir ci-dessous). Ensuite on est dans le bain et on pratique, c'est un espace de liberté, personne ne vous fusillera si vous faites quelques gallicismes, les gallicismes, c'est comme le chiendent (es coma lo gramenàs), ça repousse toujours (aquò tòrna grelhar de lònga)...  et on peut facilement l'écouter, la lire et la parler... et rentrer dans cette vie. 

L'astuce, c'est de commencer par le français local, qui n'est que de l'occitan revêtu de français, et de le réoccitaniser peu à peu. Pas d'inquiétude, l'occitan parlé est souvent mêlé de français, c'est un langage métissé, vous êtes déjà dans l'espace linguistique occitan... C'est un continuum...  Rajoutez de plus en plus de phrases, de locutions, etc... en occitan, et le curseur se déplace vers l'oc. 

Une recette: les proverbes, délicieux, concentrés d'idiomatisme, et dont on peut émailler ses propos à sa guise...

J'indique plus bas des documents accessibles. 

J'en propose quelques uns de personnels, basés sur le montpelliérain et ma longue pratique approfondie de la langue d'Oc. Chacun puisera selon sa fantaisie, ses goûts, etc... 

Tout ce que je propose est 100% gratuit, copyright-free, etc..., prenez le, malaxez le, cuisinez-le, etc... L'occitan c'est la liberté...

La syntaxe, au départ, pas de problème, c'est celle du français local. Peu à peu on peut la fignoler et la rendre plus typique. En écoutant et en lisant.

Alors après, il y a les mots et les conjugaisons. 

Puisque c'est un continuum, si un mot vous manque, mettez le mot français en l'occitanisant, puis peu à peu purifiez votre vocabulaire avec l'usage. Je vous offre deux dictionnaires online gratuits de 5000 mots: français-occitan et occitan-français. Ils sont à tous ceux que ça peut intéresser...

Un cactus, les conjugaisons. Vous avez des documents de référence, et même un conjugueur en-ligne automatique. Nous y revenons plus bas. Ne vous cassez pas la tête, commencez par retenir quelques verbes usuels à leurs temps usuels, le reste vient peu à peu. 

1) Les documents pédagogiques

Les documents pédagogiques ne manquent pas. On en trouve gratuitement sur Internet un certain nombre. 

Le CRDP de Montpellier  en fournit une quantité sur son site. C'est fait par des professionnels. Il y a notamment une rubrique intitulée "Dire en òc" qui utilise des passages de mon roman "Setembralas" pour des exercices grammaticaux. C'est nettement moins rigolo que le livre lui-même, mais c'est très bien fait et très pédagogique. Voilà ce qu'ils disent de mon livre ainsi utilisé: "Pour pallier la sécheresse d’une fragmentation quelque peu artificielle des exercices, on a inséré un certain nombre de textes (enregistrés) tous empruntés au même ouvrage, Setembralas, de Joan-Frederic Brun, IEO, 1994. Ils permettent d’entrer graduellement dans une langue moderne et juste et de construire une compréhension globale où l’apprentissage trouve sa récompense et sa motivation." Macarèl, " langue moderne et juste", ma modestie en prend un coup, mais merci... (pour télécharger mes textes et notamment "Setembralas" aller à la page "autor")

L'Académie de Toulouse a également mis en ligne un riche matériel pédagogique

Apprendre l'Occitan: le cours de l'"Ecole Occitane pour Adultes" sur Ciutat/City: il comprendra 20 leçons, il passe en boucle sur "Ràdio Lengadòc" (99,7 mHz à Montpellier). Pour le moment vous en avez 4 en ligne, c'est plaisant et bien fait, en situation de vie citadine moderne. (L'escolana es Maidon e lo professor Monsur Martí. Son dialòg es a l'encòp pedagogic e plasent:  Adieussiatz, Maidon. - Adieussiatz monsen Martí.)

2) Dictionnaires et grammaires

Il n'est pas inutile d'en avoir au moins un, en chair et en os, ou plutôt en papier. ..

Les dictionnaires "classiques" de base: il y en a 3 selon moi

MISTRAL "Lou Tresor dóu Felibrige": actuellement accessible en partie sur le web (suivre ces liens)

 

Le grand génie qui a incarné de 1854 à 1914 la renaissance de la culture d'Oc, déclenchant un véritable "miracle culturel", a consacré des années de sa vie à rassembler des données lexicales, qui remplissent deux énormes volumes qui méritent vraiment à 100% leur nom de "Trésor". La langue d'Oc vit dans ces pages, irrésistible dans son jaillissement, sa palpitation joyeuse. C'est l'oeuvre d'un génie de l'époque romantique, c'est une épopée, c'est un océan de vie idiomatique. Malheureusement, l'occitan y est orthographié selon les règles orthographiques du français, que Roumanille avait imposées à Mistral. Et qui se sont retrouvées ipso facto celles de la miraculeuse et fabuleuse renaissance du XIXe siècle. Un avantage: cette orthographe est pédagogique, elle colle à la prononciation. Un défaut rédhibitoire: la langue d'Oc qui est pourtant une des Alpes aux Pyrénées s'en trouve atomisée en une multiplicité de parlers dont seuls, en pratique, le Provençal et (un cran au dessous à l'époque) le Montpelliérain, par le poids de leur littérature, accédaient à une véritable dignité de langue. Le reste, c'était en fait du jargon... Malgré la qualité de nombreux auteurs (Fourès, Rouquier, Camelat, etc... etc... etc...) et l'existence de grands classiques (Goudouli, Larade, Roudil, Favre, Fabre d'Olivet, etc...). La ténacité de Perbosc, Estieu, l'abbé Salvat, etc... a permis de retrouver à partir de l'orthographe médiévale l'unité de la langue au delà de cette diversité d'apparence qui pouvait désorienter ou rebuter. Louis Alibert, disciple intellectuel du catalan Pompeu Fabra, consacra sa vie à imposer une norme unificatrice de l'Occitan basée sur la reconstruction du Languedocien, insistant sur sa proximité du Catalan et sur la valeur référentielle de l'occitan médiéval, en tenant compte du travail de Mistral...

Le dictionnaire Occitan-Français d'Alibert,  

maintes fois réédité, est en fait un ouvrage posthume. Les deux grands leaders de la linguistique occitane de la 2° partie du XXe siècle, Robert Lafont et Pierre Bec,  ont colligé les brouillons et terminé cet ouvrage qui s'arrêtait à la lettre E. Ce dictionnaire lui aussi merveilleux est en fait sous ce triple patronage. Les mots y sont rangés par racines. C'est là aussi un "trésor" que l'on visite avec plaisir, où la langue retrouvée palpite irrésistiblement. Mais ce n'est pas un très bon ouvrage pour débutants, il n'a rien de pédagogique...

Troisième classique. Nous revenons en arrière, au XVIIIe siècle. Un encyclopédiste éminent, l'Abbé Pierre-Augustin Boissier de Sauvages (1710-1795), a écrit un autre merveilleux dictionnaire dans une graphie un peu tordue, mais c'est plus une encyclopédie qu'un dictionnaire, chaque article est l'occasion de nombreuses digressions savoureuses qui font revivre sous nos yeux une société bouillonnante et truculente, à 100% occitanophone, au XVIIIe siècle. 

Ce dictionnaire est accessible sur internet sur le site de la Bibliothèque Nationale de France. Et téléchargeable sous format pdf. 

Utilitaires et documents plus récents utilisables. 

Au cours des annes 1990, de magnifiques dictionnaires beaucoup plus faciles à utiliser sont parus. Tous sont excellents. 

Une mention spéciale pour 4 d'entre eux. 

Cantalausa: a réalisé le quatrième "classique" à agglomérer aux 3 cités plus haut: c'est le premier et le seul grand dictionnaire unilingue. 

Tout en occitan. Comme ceux que l'on trouve dans toute autre langue. On en rêvait depuis un demi-siècle. Cantalausa l'a fait. Les linguistes purs et durs le trouveront trop charnu, pas assez desséché, un ouvrage où la langue est vive, pas un squelette désespérant. Peut-être ne le lui pardonnera-t-on pas. Je me permets de conseiller ce merveilleux ouvrage sans réserves. C'est un dictionnaire de l'occitan vivant. L'auteur était tellement passionné par son projet qu'il a, dit-on, vendu sa voiture pour le financer. Il a réussi. Le dictionnaire existe. Qui dit mieux? 

Christian Laux. Enseignant et écrivain, il avait de notre langue une connaissance profonde et sûre. On trouve dans toutes les librairies ses deux dictionnaires: Occitan-Français et Français Occitan. Ils s'accompagnent d'un résumé grammatical très soigné où l'on trouve les conjugaisons. Si l'on ne doit acheter que deux dictionnaires occitans, c'est ceux-là. 

Christian Rapin. Ecrivain, déjà auteur vers 1970 d'un petit lexique Français Occitan qui n'était pas sans valeur malgré des critiques dont on comprend mal la logique, a entrepris en épluchant toute la littérature de faire un vrai dictionnaire Français-Occitan rendant accessible toutes les solutions occitanes recensées pour rendre en oc un mot français. Voir ma critique enthousiaste de ce travail fabuleux qui en est au tome IV (et va jusqu'à la lettre M). 

Tout récemment André Lagarde a également donné un dictionnaire en un volume associant  Occitan-Français et Français Occitan, "la palanqueta". Il est lui aussi excellent. Il se trouve dans toutes les librairies.

Et sur le web? 

On a toute une série de lexiques occitans. Voir ce lien "Quelques petits dictionnaires". Ils sont simples et très utiles.

J'ai cherché à faire un peu plus ambitieux... et plus oriental. 

Sur mon site "Montpelhièr l'Occitana", je vous offre le  lexic occitan-francés et le francés occitan. La démarche est un peu différente: c'est l'inventaire de ce que je trouve en épluchant les textes d'occitan oriental. En prenant comme "noyau" de base deux petits lexiques  qui terminent deux livres du montpelliérain Pèire Azemà, excellent prosateur qui connaissait profondément l'oc et qui fut président de l'IEO. Surprise: bien des choses précieuses ne figurent pas dans les lexiques"officiels"... Le  lexic occitan-francés est en quelque sorte l'inventaire de ces richesses, tandis que le francés occitan est  un ouvrage de "reconquête" où l'on trouve, outre les fruits de l'inventaire, les mots utiles à ma pratique de l'occitan écrit au XXIe siècle, lorsqu'il me paraît utile de les rajouter. Ces documents sont en perpétuel remaniement et tout le monde peut y piocher à satiété, bien sûr...

J'ai aussi ajouté dans le même esprit un "pichon lexic personal de l'occitan de l'Edat Mejana". Ce n'est pas un ouvrage pour linguistes, les graphies normalisées (moderne) et ancienne y coexistent à dessein pour permettre un accès facile à ce patrimoine qui est vraiment celui de tous les occitans, et non d'une élite internationale érudite... Car la vieille langue nous aide à bien connaître l'occitan moderne...

Grammaires.

C'est un peu rébarbatif, mais il faut un peu les regarder. J'en citerai trois: deux "enracinées" et "dialectales" qui faisaient l'inventaire soigné et authentique de montpelliérain (Montpellier-Lodève-Sète...)... et le travail génial d'Alibert qui a retrouvé derrière les variétés apparentes la "langue unique"... 

Sur le web les exercices grammaticaux abondent et permettent d'étudier la grammaire en détail. Voir plus haut...

 

Les conjugaisons.

Il paraît que c'est un point noir pour le débutant consciencieux...

Je ne les ai personnellement jamais vraiment étudiées de façon systématique, "ça vient tout seul" quand on pratique.

Je vous conseille de procéder ainsi: après une "initiation" rapide vous avez dans l'oreille et sur la langue les principales formes verbales et les désinences des principaux temps. En écrivant, vous cherchez sur un tableau ou sur le web la forme qui vous manque.

Voici deux références internet: un remarquable conjugueur en-ligne automatique,  et une page de type plus traditionnel sur les conjugaisons.

Une remarque sur les conjugaisons...

L'occitan "natif" à l'état dialectal présentait une certaine diversité des formes à ce niveau, variant de village en village. Il est logique de gommer peu à peu cette anarchie préjudiciable à l'unité de la langue. Louis Alibert dans sa Gramatica (1935) a procédé de la sorte: il a choisi systématiquement dans ce foisonnement les formes de l'occitan ancien, ou "formes classiques" et les a érigées en référence. Ce travail a été prolongé par le GIDILOC, aboutissant au livre "Le Verbe Occitan/Lo vèrb occitan" de Patrick Sauzet et Josiane Ubaud (1995).

Mais les textes dans leur majorité ne sont pas encore à ces normes. Elles ne se généralisent que peu à peu...

Le Montpelliérain présente beaucoup de traits "archaïsants" de langue classique, mais il y a quelques divergences de détail au niveau de la morphologie: ainsi le verbe "èstre" ou "èsser" au prétérit se dit-il "seguère" et non "foguère". Bien que l'évolution se fasse peu à peu vers l'unification souhaitable (et donc vers "foguère") je ne gomme pas sur mon site ces particularités.

3) Plonger dans la piscine...

Eh oui, avant il y avait les bergers, les gardians, etc... Depuis une quinzaine d'années, ils ont disparu ou basculé dans la francophonie. Mais la langue d'Oc est parlée à la radio et par les occitanistes. Elle est de plus en plus écrite, la littérature et la presse se portent à merveille... On parle même de prix Nobel de Littérature pour au moins un de nos écrivains.

On peut donc écouter l'occitan à la radio (Radio Lenga d'Oc sur 99,7 mHz à Montpellier...).

On peut encore plus facilement le lire.

Sur ce site j'accumule les textes en tous genres: littéraires, de circonstance, chefs d'oeuvre, passages sans prétention, nullités... Tout cela constitue la piscine (gratuite) où le bain de langue peut se faire...

Bien sûr, on ne peut qu'encourager d'acheter aussi les livres qui sortent... Il y a de tout... mais beaucoup d'heureuses surprises. 

Un élément intéressant: les proverbes.

Les proverbes sont souvent très pittoresques, provoquants, amusants, grivois, c'est un concentré du génie créatif populaire de la langue.

Il y en a assez peu sur le web mais ça devrait se développer. C'est une denrée qui a ses amateurs gourmands...

Sur mon site vous trouverez entre autres les proverbes de Rulman (XVIIe siècle). Sur le site Gallica de la Bibliothèque Nationale vous avez une grosse collection de proverbes languedociens délicieux à la fin du dictionnaire de l'Abbé de Sauvages. L'orthographe de l'époque est malheureusement assez bizarre.

Un proverbe est comme un petit poème, on peut en savourer deux ou trois à la fois, même si on est très pressé.

Il y a aussi les contes populaires et les chansons traditionnelles. J'en ai mis un certain nombre sur mon site, en attendant mieux.

 

la lenga occitana practicada a Montpelhièr abans l'Anschluss dau lengadocian central

las caracteristicas e las raras dau Montpelhieirenc analizadas per lo lingüista Loís Michel.

lexic montpelhieirenc occitan-francés

lexic montpelhieirenc francés occitan

 lexic de l'occitan medieval (4063  mots)

Retorn a l'ensenhador de la literatura montpelhieirenca d'òc

Una pagina de "Las Canas de Midàs" de Max Roqueta sus l'occitan de las ciutats, portaire d'abstraccion...

Retorn a l'ensenhador generau